J’ai profité de cette nouvelle visite pour me perdre un peu dans l’appartement de Madame Denis. Il ne m’était pas inconnu puisque c’est là que j’avais été reçu du vivant de Voltaire. Tendrement aimée du maître, Madame Denis était la maîtresse de cette maison. Mais au-delà des préoccupations domestiques, elle jouait merveilleusement du clavecin et offrait dans son salon des concerts à ses hôtes. Les représentations de comédiens, auxquelles participaient parfois les invités, étaient aussi au centre des distractions à Ferney : après tout, nous étions dans la demeure d’un dramaturge ! Voltaire ne pouvait concevoir la vie sans théâtre. Dès 1761, il s’est assuré de posséder la jouissance d’un lieu de spectacle dans le domaine où il pouvait présenter ses propres créations, en toute liberté.
(Journal de Jean-Léonor de Grimaud, 31 mai 1782)